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 Solution technique

Sertissage : l’autre façon de créer un réseau d’eau ou de gaz


Les réseaux d’eau sanitaire, de chauffage, et même de distribution interne de gaz, peuvent aujourd’hui être réalisés par sertissage en totale conformité avec la réglementation. Tour d’horizon.

Bien que la technique du brasage soit encore largement utilisée, les avancées effectuées sur les raccords à sertir témoignent de la pleine maturité de cette technologie. Pour preuve, elle est également acceptée par les instances normatives sur les tuyauteries gaz !

Parmi les atouts du sertissage
FP33 SolTec 01Pourquoi un professionnel a-t-il recours au sertissage ? Plusieurs raisons à cela : tout d’abord, la volonté de gagner du temps sur les chantiers. La mise en œuvre nécessite environ la moitié du temps nécessaire à une réalisation brasée. Toutefois, il faut compter avec un surcoût des raccords mis en œuvre. Globalement, la réduction de coût génère une économie estimée à 20 %.
Ensuite, le matériel de mise en œuvre se réduit à l’outil de sertissage et à son chargeur de batterie. Plus besoin de poste à braser avec ses bouteilles, le décapant, la brasure…
Autre argument : un travail propre et sans aucun risque feu, notamment en rénovation.

Canalisations d’eau
La mise en œuvre des tuyauteries et des raccords, afin de créer un réseau complet, doit répondre aux différents DTU applicables et à la normalisation, notamment selon les textes suivants :
• DTU 60.11 (règles de calcul des installations de plomberie sanitaire et d’eaux pluviales) ;
• DTU 60.1 (plomberie sanitaire pour bâtiments) ;
• DTU 65.10 (canalisations d’eau chaude ou froide sous pression (…/…) à l’intérieur des bâtiments – règles générales de mise en œuvre) ;
• NF P 41-201 (distribution d’eau chaude et d’eau froide – code des conditions minimales d’exécution).

Cuivre, multicouches et PER
FP33 SolTec 02La technique de sertissage n’est pas exclusive à un matériau. Bien au contraire, elle s’applique aux différents types de canalisations mis en œuvre par les professionnels, qu’il s’agisse du cuivre, du PER ou des tubes multicouches.
Le cuivre constitue une barrière à l’oxygène des plus performantes (circuit de chauffage). Pour les réseaux sanitaires, ses propriétés antibactériennes sont mises en avant. Enfin, les parties de réseau apparentes sont bien mises en valeur.
Le multicouche allie la flexibilité et la légèreté du plastique à la faible dilatation thermique du métal. La mise en œuvre est facilitée grâce à sa mémoire de forme. La présence d’une couche d’aluminium crée une barrière à l’oxygène et ralentit la formation de boues tout en constituant une bonne résistance à la corrosion.
Le PER (polyéthylène haute densité réticulé) est, pour sa part, le matériau le plus flexible et le plus léger, facilitant ainsi son transport et sa manipulation sur chantier. Le tube PER présente également une bonne résistance à la corrosion.

Raccords sous chape
Aujourd’hui, certaines techniques de sertissage permettent d’effectuer des raccordements par piquage sertis directement dans la chape. Cette pose en piquage pour l’alimentation de radiateurs et la distribution sanitaire a été conçue pour une mise en œuvre facile et rapide en neuf comme en rénovation sur la base de raccords indémontables.
Pour la pose des tubes enrobés ou encastrés la distribution est possible par piquage ou en pieuvre. Le piquage à l’aide de raccords en té permet de minimiser les longueurs de tube, d’éviter la pose d’un collecteur, de créer des points fixes de dilatation et de travailler suivant une technique de raccordement traditionnelle.
Avec la distribution en pieuvre, chaque appareil est alimenté individuellement à partir d’un collecteur (eau chaude/eau froide). L’avantage ? Créer des tronçons de longueurs pratiquement équivalentes et réaliser ainsi l’équilibrage hydraulique des circuits.
Le franchissement des joints de gros œuvre (points de dilatation ou de fractionnement) nécessite que les tubes soient désolidarisés du gros œuvre à l’aide d’un manchon en matériau compressible ou avec un fourreau d’un diamètre égal à au moins deux fois le diamètre extérieur du tube ou de la gaine de protection. Conformément au DTU 65.10, la longueur du conduit doit être égale à 30 cm de part et d’autre du joint.

Encastrement en cloisons carreaux plâtre ou briques plâtrières
Réalisés avec des raccords à sertir, les couplages et piquages engravés sont autorisés sous condition de protection du raccordement. Dans le cas de dispositifs d’alimentation terminaux, l’engravement des parties indémontables est autorisé. Pour la pose dissimulée (plafonds rapportés, faux plafonds…), le passage direct (sans fourreau) des canalisations est autorisé entre les plaques de parement ou en cloison. Les raccords démontables doivent toutefois être accessibles. Par ailleurs, il est nécessaire de procéder à une vérification de la compatibilité des matériaux selon les températures de fluide véhiculées.
Les réparations de tubes, quelle que soit l’application, doivent être réalisées uniquement avec des raccords à sertir, dans le cas où la réparation est rendue inaccessible.

Sertissage gaz
Le sertissage est autorisé, sous conditions, sur les installations de distribution de gaz. Il s’agit d’un système d’assemblage par bagues comprimées en force avec une sertisseuse électroportative spécifique.
L’arrêté du 6 décembre 2011 rend d’application obligatoire le cahier des charges CCH 2004-02. Celui-ci précise les conditions d’utilisation des raccords cuivre à sertir sur les installations de gaz combustibles et hydrocarbures liquéfiés desservant les bâtiments d’habitation et leurs dépendances, ainsi que les bâtiments d’élevage et les serres. L’arrêté du 2 août 1977 modifié précise, en son article 7-6, que le mode d’assemblage par sertissage est assimilé à un raccord mécanique. Par ailleurs, le NF DTU 61.1 précise les règles de mise en œuvre des tubes et des tuyaux ainsi que leur mode d’assemblage.

Les installations concernées
Le sertissage gaz est autorisé pour les installations alimentées à partir :
• d’un réseau de distribution dont la pression maximale de service est inférieure ou égale à 400 mbar ;
• d’un ou plusieurs récipient(s) de stockage dont la pression maximale de service est classée en « moyenne pression B ».
Sont également concernées les installations situées entre l’organe de coupure générale de l’immeuble et les raccords d’entrée du ou des appareils alimentés gaz.

Mise en œuvre
La preuve de conformité des raccords est assujettie à l’obtention d’une certification ATG sertissage, délivrée par Certigaz. La plage de diamètres d’utilisation de ces raccords est comprise entre 12 et 54 mm. Pour la mise en œuvre de ces raccords, l’installateur doit respecter les exigences du cahier des charges CCH-2004-02 composé de trois parties : définition des caractéristiques des raccords, mise en œuvre des raccords à sertir en cuivre et mise en œuvre des installations comportant des raccords sertis en cuivre.
Les raccords à sertir en cuivre pour le gaz sont considérés comme des raccords mécaniques. Ces raccords doivent rester accessibles et visitables. Il est notamment impossible de les engraver, de les encastrer ou de les incorporer dans les éléments du bâti. Aussi, aucun assemblage par brasure et cintrage à chaud ne doit être réalisé à moins d’un mètre d’un assemblage serti.

Michel Laurent

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