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 Dossier N°1 - Décembre 2019 / Janvier 2020

PAC : le point sur un marché en explosion


Edito

« Il suffit de quelques leviers pour faire basculer le marché, d’un côté comme de l’autre. »

doss65 Edito« Dans le cadre de la politique énergétique engagée par le gouvernement, beaucoup d’argent public a été mis sur la table, via le Cite, l’Anah et les CEE. L’effet a été rapide et il est important désormais que tout se passe dans les meilleures conditions. Pour assurer la qualité et la pérennité des installations tout en empêchant les escroqueries, l’Afpac a fédéré la plupart des acteurs de la filière et proposé une charte commerciale et technique, qui a été signée en présence de la ministre.
Toutefois, nous sommes inquiets, car le Cite est en train d’être déshabillé, tandis que la réglementation concernant les bâtiments neufs va être réorientée avec la RE 2020, complexe et sur laquelle nous manquons de visibilité. Il suffit de quelques leviers pour faire basculer le marché, d’un côté comme de l’autre. La pompe à chaleur n’est certes pas une solution universelle et nécessite d’être encore développée, notamment en logements collectifs où elle doit être en cohérence avec ce que les maîtres d’ouvrage peuvent accepter. En maison individuelle, elle assure un grand niveau de confort tout en étant parfaitement intégrée par la filière. Nous avons mis en avant sa contribution à la transition énergétique et à l’objectif de neutralité carbone que l’on pense majeure.
Au sujet des fluides, l’Europe a mis en place une réglementation avec des objectifs clairs de réduction programmée des impacts environnementaux. La plupart des industriels sont en avance sur ce programme et on peut le prouver. Or, en 2018, les parlementaires ont fait voter une taxe sur les fluides qui, de notre point de vue, va à contresens des préconisations environnementales et ne remplira pas les caisses de l’État. Nous souhaitons qu’elle soit reconsidérée. De plus, la question du propane, interdit pour le chauffage, mais autorisé pour le froid, devrait également être réexaminée.
La connectivité, autre sujet important, permet d’adapter la production de chaleur. Nos pompes à chaleur, notamment hybrides, sont connectées, en attente des signaux tarifaires des fournisseurs d’électricité dès lors qu’ils auront décidé un pilotage en fonction des besoins. »

Éric Bataille, président de l’Afpac, Association française pour les pompes à chaleur




PAC : le point sur un marché en explosion

En 2019, le marché de la pompe à chaleur, air-eau comme air-air, est en véritable explosion grâce, notamment, à la rénovation. Perçus par de nombreux acteurs de la filière comme le mode de chauffage de demain, les appareils continuent d’évoluer. Le point sur le sujet.

doss65 1Sur le marché français, premier marché européen pour les pompes à chaleur (ainsi que pour les chauffe-eau thermodynamiques), les ventes ont progressé, sur le premier semestre 2019 par rapport à celui de 2018, de 69 % pour les modèles air-eau et de 31 % pour les modèles air-air, dont les trois quarts sont des monosplits. Une hausse d’autant plus remarquable que, depuis deux ans, les ventes progressent plus encore en rénovation que dans le neuf (déjà en 2018 par rapport à 2017), même si le marché du neuf reste dominant (65 % des appareils vendus en 2018). Les ventes de pompes à chaleur haute température avaient progressé de 58 % en 2018 par rapport à 2017, et celles des pompes à chaleur moyenne température de 71 %. Sachant que les modèles actuels permettent d’assurer le chauffage, voire la production d’eau chaude sanitaire, à une température extérieure de -15 °C sans pratiquement de perte de puissance, on imagine le potentiel sur le marché de la rénovation, que ce soit en substitution d’une chaudière ou d’une pompe à chaleur. Car le remplacement des premières pompes à chaleur, dont le parc est estimé à 3,2 millions d’unités, a commencé. Quant aux pompes à chaleur air-air, les ventes devraient cette année dépasser les 700 000 unités

doss65 2Notons que les pompes à chaleur sont bien placées dans le label E+C-, qui sera bientôt effectif dans la construction de maisons individuelles. Toutes les solutions thermodynamiques (y compris les chauffe-eau) passent en effet les niveaux 1 et 2 du label (du moins si la fonction rafraîchissement n’est pas activée), le niveau 3 étant atteint lorsque des panneaux photovoltaïques sont ajoutés. Ce que les générateurs thermiques ne permettent pas.

doss65 3Fluides frigorigènes : le R32 remplace le R410
Le R410, jugé nocif pour l’environnement, est classé en catégorie A2L. Il disparaît progressivement du marché. La plupart des fabricants l’ont remplacé ou sont en train de le remplacer par le R32 qui, quoique plus inflammable, présente plus de bénéfices que de risques, notamment en matière de performance. Le R32 est aujourd’hui considéré comme le fluide de demain, bien que le propane ait également beaucoup d’avantages. Mais il reste contraint par la réglementation, en tout cas dans le secteur du chauffage, parce qu’il ne l’est pas dans le secteur du froid.
doss65 4Certains fabricants associent le passage au R32 sur leurs machines au développement de liaisons hydrauliques entre l’unité intérieure et l’unité extérieure, afin de répondre aux évolutions de la norme internationale sur la sécurité des équipements thermodynamiques contenant des gaz légèrement inflammables (norme EN60335-2-40ed6), laquelle doit paraître d’ici à la fin de l’année.

doss65 5La connectivité : en cours de déploiement
Commande à distance, prédiagnostic, maintenance préventive, maximisation des interventions et des tournées (réduction des stocks et optimisation des déplacements), gestion des parcs installés, suivis des consommations de chauffage et d’ECS, optimisation de l’énergie dans le cas d’appareils hybrides, possibilité de commande vocal (via Google Home, Amazon Alexa…). La connectivité propose ou proposera des applications intéressantes pour les consommateurs et les installateurs, mais aussi pour les industriels, capables désormais de suivre leurs appareils (zones d’installation, composition du parc, durée de vie des composants…) et d’adapter leur stratégie (implantation des services de maintenance…).
La connectivité ne s’appuie pas forcément sur la box internet du logement. Lorsque c’est le cas, elle passe de plus en plus souvent par une API (interface de programmation applicative), laquelle simplifie le dialogue entre les différents objets connectés, permettant une sécurité supérieure et une meilleure capacité d’évolution.
doss65 6Mais l’avenir est sans doute aux écosystèmes numériques, autorisant la connexion à d’autres appareils, y compris d’autres fabricants, dans un esprit smart home.
Notons que plusieurs fabricants ont déjà anticipé la future réglementation thermique, proposant des gammes disposant d’une entrée Smart Grid.

doss65 7Les pompes à chaleur hybrides : adaptables
Conçues pour répondre aux besoins de la maison individuelle RT 2012, les pompes à chaleur hybrides associent une chaudière gaz ou fioul et une pompe à chaleur air/eau de petite puissance, commandées par une régulation intelligente. Celle-ci choisit le mode de chauffage selon différents critères, notamment le prix des énergies et les émissions de CO2, pour offrir une performance globale optimale.
Toutefois, les pompes à chaleur combinées à l’électricité d’origine photovoltaïque sont une nouvelle piste désormais exploitée par les industriels. Certains d’entre eux autorisent déjà l’exploitation d’une électricité fournie par des panneaux photovoltaïques, soit en alimentation directe, soit pour constituer un stock pour l’eau chaude sanitaire ou nourrir un volume tampon pour le chauffage.

doss65 8Le DTU 65.16 encadre l’installation des pompes à chaleur
Le DTU 65.16 s’applique lors de l’installation d’une pompe à chaleur, laquelle commence par son dimensionnement. Si le bilan thermique est fortement recommandé en rénovation, pour optimiser les consommations, donc solliciter le moins possible l’appoint électrique forcément intégré, le DTU propose une puissance thermique assurant de 70 à 100 % des déperditions de la maison à la température extérieure de référence, soit -7 °C.
Concernant l’installation proprement dite, l’Afpac a récemment publié une fiche technique consacrée aux problèmes des nuisances sonores. Celle-ci débroussaille très bien le sujet et fournit des conseils pratiques pour réduire les risques de conflit avec le voisinage : types de mesures à effectuer, définitions ou unités à connaître (puissance et pression acoustiques…) et conversions de l’une à l’autre, incidence de la réverbération… On y apprend qu’une pompe à chaleur installée contre un mur génère pour le voisinage 3 dB(A) de plus que si elle était installée en champ libre, et que l’encoffrement assure une réduction de la transmission du bruit en l’absorbant dans toutes les directions.
Selon l’article R543-78 du Code de l’environnement et la F-Gas, la manipulation de fluide frigorigène implique une attestation de capacité lorsque les équipements en contiennent plus de 2 kg. Les modèles monoblocs dont la liaison au circuit de chauffage central est réalisée à l’aide d’une canalisation hydraulique permettent de s’en passer. Par ailleurs, un contrôle d’étanchéité doit être effectué chaque année sur toutes les installations contenant plus de 2,4 kg de R410A ou de 7,2 kg de R32.

doss65 9L’Afpac définit la smart Pac ou pompe à chaleur du futur
L’Afpac, association française pour les pompes à chaleur, a dévoilé, dans un document disponible sur son site internet, sa vision de la PAC du futur ou smart PAC.
Évidemment connectée, la smart PAC ajuste son fonctionnement aux besoins, répond aux signaux du réseau électrique, fonctionne avec d’autres systèmes de production de chaleur ou de production locale d’électricité, fournit des informations aux occupants et aux exploitants sur sa consommation d’énergie, son rendement, ses besoins en maintenance…
Les deux ou trois fonctions d’usage (chauffage, ECS, rafraîchissement) ne sont remplies qu’en présence d’une « intelligence » capable de simplifier la mise en service (auto-paramétrage et apprentissage), de prévoir les besoins (anticipation du dégivrage, auto-adaptation de la loi l’eau, régulation du chauffage et de l’ECS, prévision de fonctionnement), d’optimiser la performance (pilotage des sources froides, gestion de l’appoint, gestion froid/ECS), de limiter le coût (autoconsommation photovoltaïque, gestion chauffage/ECS) et d’optimiser la maintenance (calcul de la performance réelle, simulation hors défauts, détection des défauts).
Ces fonctions augmentées passent par des capteurs intégrés, connexion sécurisée, algorithmes divers et variés, régulation optimisée, combinaisons multisources (air, eau, solaire, eaux usées), stockages, production PV associée, utilisation de fluide, bas GWP…

Marianne Tournier


Sociétés citées (Liens Web)
Atlantic
Bosch
Chappée
Daikin
De Dietrich
Gree
Hitachi
Samsung
Viessmann

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