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 Dossier N°1 - Février-Mars 2021

Le développement annoncé du « sans contact » dans les sanitaires privés et publics


Edito

« Dans les sanitaires publics, le « sans contact » doit s’envisager du point de vue du parcours utilisateur »

Hubert Maitre Edito FP72Avec la crise sanitaire, le niveau d’exigence dans les sanitaires publics est monté d’un cran. Le « sans contact », qui était jusqu’à présent décidé par le maître d’ouvrage pour réduire la consommation d’eau, est désormais demandé par les utilisateurs pour des questions d’hygiène, au risque de refuser de fréquenter les toilettes qui n’en sont pas pourvues. Ce glissement nécessite de s’intéresser au « parcours client » dans les sanitaires collectifs.
Au bureau, par exemple, on commence par actionner la poignée de la porte pour rentrer dans les toilettes, puis on appuie sur l’interrupteur pour les éclairer. Et l’on refait ces gestes au moment d’en sortir. Qu’importe alors que la chasse d’eau des toilettes ou de l’urinoir soit automatiquement déclenchée ou que le mitigeur soit sans contact si, une fois les mains lavées et propres, on les contamine à nouveau en ouvrant la porte et en fermant la lumière !
Bien sûr, poignées de porte et interrupteurs ne font pas partie du lot plomberie. Pour autant, les maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre et fabricants spécialistes des sanitaires publics auraient intérêt à les prendre en compte rapidement, y compris dans le cadre des appels d’offres. Il existe déjà des solutions permettant de répondre à ce problème. On peut envisager des ajouts sur la quincaillerie existante afin d’ouvrir la porte avec le pied ou le coude, ainsi que des systèmes d’éclairage automatiques par détection de présence… Mais il est aussi possible de nouer des partenariats avec des industriels spécialisés ou de réaliser des designs co-brandés. Créer ce type de partenariats gagnants-gagnants relève aussi la responsabilité du design.
Mais le « sans contact », donc l’électronique, doit être l’occasion d’apporter de nouveaux services, de pilotage et de gestion notamment, en proposant des indicateurs de consommation, que la connectivité a rendus possible. Réduire la consommation d’eau, maîtriser l’hygiène des réseaux, faciliter la maintenance et le SAV…, ces services rendus peuvent être nombreux.
Enfin, si l’innovation est déployée à des niveaux de prix acceptables sur le marché, alors sa diffusion est assurée. Les challenges liés au développement du « sans contact » sont nombreux, mais le besoin est bien réel.

Hubert Maitre, secrétaire général de l’Afisb, Association des industries de la salle de bains


Le développement annoncé du « sans contact » dans les sanitaires privés et publics

La crise sanitaire a modifié nos habitudes et nos exigences en matière d’hygiène, en particulier dans les lieux publics ou semi-privés, ainsi que dans les salles de bains d’hôtel, voire dans l’habitat. Le « sans contact » est à la base de ces nouveaux besoins et passe par des produits électroniques qui, de plus en plus souvent, sont connectés et contrôlables à distance.

1 Delabie 722 Delabie 72Avant l’année 2020 et la crise sanitaire que l’on sait, les robinetteries de lavabo électroniques étaient avant tout sélectionnées pour les économies d’eau qu’elles permettaient de réaliser. Mais depuis le Covid-19, la fonction sans contact est venue s’interposer, devenant, en l’espace de quelques mois seulement, un argument de poids. De même aux toilettes, qui ne sont pas épargnées par cette nécessité : si toucher une plaque de commande de chasse d’eau ou un bouton-poussoir d’urinoir a toujours été difficile pour certains utilisateurs, obligeant les fabricants à développer des parades sophistiquées pour rincer ces différents appareils, cette réticence est désormais partagée par la plupart d’entre eux. Aujourd’hui, l’enjeu consiste donc à démocratiser les solutions sans contact afin de les rendre accessibles à tous les maîtres d’ouvrage et de protéger ainsi les utilisateurs dans tous les sanitaires qu’ils fréquentent au cours de la journée, notamment ceux des entreprises, quelle que soit leur taille, des commerces, de l’hôtellerie de moyenne gamme, mais aussi des bâtiments des collectivités locales, des établissements scolaires et de santé…

4 Supratech 723 Supratech 72Le « sans contact » à chaque poste de consommation d’eau
Les économies d’eau apportées par un mitigeur électronique par rapport à un mitigeur mécanique classique sont importantes (elles peuvent atteindre 90 % selon le modèle sélectionné). Mais les services apportés par l’électronique le sont tout autant, en particulier, avec les systèmes proposés par les spécialistes des sanitaires collectifs, la possibilité d’assurer des chocs thermiques et des rinçages automatiques antibactériens des canalisations, indispensables dans les établissements de santé et ceux à usage intermittent (stades, établissements scolaires, etc.). C’est également vrai dans les toilettes, où le maintien de la propreté est une condition de l’anti-vandalisme. Toutefois, il faut noter que l’équipement sans contact à prix acceptable par la majorité des maîtres d’ouvrage passe par des chasses directes. Pour les urinoirs, dont l’eau du siphon et des canalisations doit être renouvelée périodiquement si l’on veut éviter les problèmes de développement des cristaux d’urine, l’électronique remplace aisément la main de l’utilisateur. D’autant que les spécialistes proposent des systèmes électroniques qui viennent se substituer aux boutons-poussoirs classiques. Là encore, la possibilité d’effectuer des rinçages programmés a du sens, en cas de faible tout autant que de forte affluence, pour assurer le confort des utilisateurs.

La surveillance à distance apportée par la connectivité
Connectées, les robinetteries électroniques des sanitaires publics peuvent être gérées, contrôlées et réglées à distance, voire en batterie, quel que soit le poste concerné : lavabo, WC, urinoir. Les rinçages automatiques sont aisément paramétrables, voire déclenchés si besoin. Le travail des services de maintenance est considérablement simplifié, y compris concernant l’identification et la commande de pièces détachées, tandis que les maîtres d’ouvrage disposent de données concernant l’utilisation de leurs équipements, pour en améliorer l’usage ou agir sur les consommations.

5 VitrA 726 VitrA 72JVD, qui propose des distributeurs de papier toilette ou d’essuie-mains, de savon ou de gel hydroalcoolique, ainsi que des poubelles connectées, est sinon un pionnier de la connectivité, du moins un spécialiste. Celle-ci permet la surveillance des niveaux disponibles s’agissant des consommables ou le degré de remplissage des poubelles. Il s’agit d’éviter les ruptures des uns et le débordement des autres, qui sont susceptibles de générer de l’insatisfaction, voire du vandalisme. En cas de besoin, une alerte est envoyée au gestionnaire, qui permet de planifier une intervention rapide. La connectivité offre également la possibilité de collecter des données, de créer des rapports, etc. Ainsi, les interventions du personnel sont-elles optimisées, les consommations suivies et les coûts, minimisés. Ce type d’outil est, selon JVD, d’autant plus adapté aujourd’hui que le développement du télétravail et les évolutions en matière de mobilité compromettent toute anticipation, donc la programmation des tournées. La connectivité aide aussi à vérifier l’état de fonctionnement de chacun de ces objets.

Prendre en compte la totalité des surfaces en contact avec la main
Toutefois, l’efficacité du « sans contact » dans les sanitaires ne peut suffire, même si les toilettes, l’urinoir, le point d’eau et son mitigeur, le distributeur de savon et d’air ou de papier, sont concernés. Car au moins deux points cruciaux en matière d’hygiène restent à prendre en compte : la porte d’entrée des sanitaires, à ouvrir pour les quitter et, notamment dans les toilettes des bureaux, l’interrupteur, à actionner pour éteindre la lumière avant de sortir. Si les systèmes d’éclairage automatiques sont courants et faciles à mettre en œuvre, les solutions permettant l’ouverture et la fermeture des portes sans contact ou avec désinfection systématique commencent à se développer, proposées par les fabricants de quincaillerie.
La question ne pourra être laissée de côté par les différentes parties prenantes dans la réalisation ou la rénovation des toilettes publiques ou semi-privées. Quid des poignées de porte, celle du WC quand le lave-mains est à l’intérieur ou celle des sanitaires lorsqu’il est à l’extérieur ? Si, dans certains sanitaires publics, tels que ceux des aéroports, la question est résolue par la suppression de la porte (et la création d’un couloir qui fait sas, permettant d’isoler les toilettes du regard des personnes situées à l’extérieur), c’est loin d’être le cas ailleurs.

8 Geberit 727 Geberit 72Et dans les salles de bains privées ?
Si, dans la sphère publique, les économies d’eau ont été la clé d’accès et de développement du « sans contact », dans l’habitat, l’inverse est en train de se produire : le « sans contact » va probablement propulser l’électronique et les économies d’eau. D’ailleurs, elles sont sans aucun doute le premier et véritable enjeu dans les logements, dans le cadre de la réduction du budget énergie des ménages et de la réduction de l’empreinte carbone. Qui dit sans contact dit électronique et contrôle et gestion de la consommation d’eau.

La robinetterie électronique destinée à l’habitat a commencé à émerger lors de l’édition 2019 du salon ISH de Francfort, portée par deux tendances/objectifs opposés l’un de l’autre : ajouter aux plaisirs et aux jeux d’eau dans la douche (avec la musique, la lumière, l’aromathérapie…) et réduire la consommation d’eau au lavabo et à l’évier, notamment en l’affichant, afin de favoriser la prise de conscience. Toutefois, dans la douche, où le « sans contact » n’a pas de raison d’être, des solutions permettant de réaliser des économies d’eau arrivent aussi, souvent développées par des nouveaux venus dans la salle de bains, start-up la plupart du temps.

9 Presto 7210 Presto 72Aux toilettes, le « sans contact » se développe également au travers des WC lavants haut de gamme, qui familiarisent le consommateur avec l’électronique. Grâce à des capteurs de présence, celle-ci assure l’ouverture et la fermeture automatiques du couvercle de l’abattant, mais aussi le déclenchement de la chasse d’eau, sans même toucher la télécommande de l’appareil. Voilà qui devrait inciter les maîtres d’ouvrage des bâtiments publics à passer aux chasses automatiques, avant que les consommateurs ne perdent définitivement l’habitude de se charger eux-mêmes de cette action. Mais certaines plaques de commande de bâti-support, haut de gamme, assurent un déclenchement de la chasse automatique ou par simple approche de la main. Certaines cuvettes, dotées de capteurs dans le siphon, sont également capables de mesurer la transparence de l’eau et d’actionner la chasse en libérant un volume d’eau adapté, ni trop ni trop peu.

Marianne Tournier


Sociétés citées (Liens Web)
Delabie
Presto
Geberit
Supratech
VitrA


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