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 Dossier - Avril / Mai 2012

Confort, high-tech et design : la salle de bains évolue


S LecatEdito

"La loi est un levier d’évolution"

Aujourd’hui, le marché des salles de bains pour les PMR (Personnes à mobilité réduite) commence à frémir, poussé par la loi Handicap de 2005. Depuis le 1er janvier 2010, tous les bâtiments neufs doivent répondre à des exigences d’accessibilité. Avec un décalage, cela se répercute actuellement sur le second œuvre, dont les salles de bains, que les architectes et les bureaux d’études sont obligés désormais de concevoir plus grandes. Résultat, elles ont gagné de 1 à 1,50 m² de surface en moyenne. Cela a mis un peu de temps, comme avec toute nouvelle loi, car il a fallu que toute la filière s’adapte, mais le marché va entrer en ébullition.
Les fabricants de meubles et d’équipements (douche, robinetterie, etc.) ont conçu des produits qui répondent aux exigences de la loi. L’intérêt pour tous, c’est que ce qui est accessible à une personne en fauteuil est confortable pour une personne sans handicap. Jusqu’à présent, le marché des PMR était plutôt orienté vers les handicaps lourds. Maintenant que les obligations d’accessibilité concernent la totalité du bâti, la facilité d’utilisation profite à tout le monde : handicapés bien sûr mais aussi enfants, personnes âgées et personnes valides.
Le marché évolue de manière nettement visible. Comme avec la très forte progression des receveurs plats qui vont continuer à augmenter dans les mois à venir. Ou plus récemment, avec l’arrivée d’ensembles de douches qui permettent de remplacer avec un minimum de travaux une ancienne baignoire. C’est un segment du marché qui va bouger dans les prochaines années, soutenu par un crédit d’impôt qui, contrairement à d’autres, n’a pas été raboté et qui sera maintenu jusqu’à fin 2014.
La loi est un levier d’évolution, mais il ne faut pas pour autant que la maison devienne un hôpital. Les produits doivent être esthétiques, design, modernes. La place de la salle de bains a beaucoup évolué depuis dix ans dans le quotidien des utilisateurs : elle est devenue une pièce dans laquelle on passe beaucoup de temps. La technique permet d’apporter des conforts complémentaires qui offrent d’autres sensations, comme l’hydromassage, l’aromathérapie, la douche hammam.
Toutes ces évolutions rentrent dans la facilité d’usage, le confort et la sécurité, trois axes importants de l’accessibilité.

Serge Lecat, Président de l’Afisb

 


Confort, high-tech et design : la salle de bains évolue


Positionnant de plus en plus la salle de bains comme une pièce à vivre, les fabricants jouent sur plusieurs points : confort et esthétique, mais aussi high-tech, pour séduire des consommateurs habitués à commander leur vie quotidienne du bout des doigts.

 

L’un des points clés de la salle de bains ? Le bien-être ! La salle de bains cocon reste d’actualité, mais elle évolue, avec un confort qui s’adapte, en particulier au vieillissement de la population.
Annoncé comme prometteur, le marché dit « PMR » (personnes à mobilité réduite) tarde à se développer, même s’il est sans doute poussé par la réglementation, comme l’explique Serge Lecat, président de l’Afisb, dans notre éditorial.
Hewi lavaboDeux équipements sont particulièrement visés : les douches et les lavabos qui sont devenus mobiles. Ainsi, les lavabos ergonomiques 6002 (manuel) et 6003 (pneumatique) de Presto sont inclinables grâce à une console spécifique. Chez Sanilife, le lavabo se déplace à l’aide d’une télécommande. Au départ conçu dans le cadre des PMR, l’ensemble lavabo+miroir Sanimatic, qui peut monter ou descendre de 65 à 95 cm de hauteur, se révèle aussi très pratique pour les familles avec des jeunes enfants et des adultes de grande taille.
Bémol cependant : l’esthétique de ce type de produits qui présentent un caractère encore trop médicalisé à l’heure où les fabricants vendent des salles de bains de rêve au fil des nouvelles collections. Les équipements devraient donc voir leurs lignes s’alléger et les couleurs exploser. Cedam a choisi des tons acidulés pour sa ligne de meubles Gaïa, qui comprend un lavabo+miroir avec un support monte-et-baisse électrique en option.
La conception de la salle de bains est donc revisitée pour s’adresser à tous les âges : du bébé aux grands-parents, avec des aménagements souvent simples finalement : une table à langer sur un plan de toilette prolongé ou sur un couvercle de baignoire, des interrupteurs à une hauteur à portée de main pour tous (75-80 cm), un lavabo et une robinetterie accessibles pour les enfants, des poignées de maintien judicieusement placées… Hewi par exemple a intégré deux poignées facilement préhensibles dans la forme de ses lavabos, elles peuvent aussi servir de porte-serviettes.

 


La réglementation incite à l’accessibilité
Poussé par la réglementation et en particulier la loi du 11 février 2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », l’aménagement des salles d’eau et des salles de bains est en train d’évoluer. Lors de la conception des bâtiments, les architectes doivent respecter des normes d’espaces de circulation et de possibilité d’équipement. Depuis le 1er janvier 2010, dans les logements neufs, salle d’eau et cabinet d’aisance doivent offrir un espace suffisant pour le déplacement d’un fauteuil roulant. Une douche accessible aux handicapés doit pouvoir également être installée sans avoir à modifier le gros œuvre. L’option qui est prise le plus souvent consiste à installer une douche dès la construction, évitant un changement ultérieur. En rénovation, les ERP (établissements recevant du public) devront être conformes à la réglementation avant le 1er janvier 2015.
Les fabricants proposent de plus en plus des équipements adaptés. Ainsi les lavabos doivent respecter des dimensions permettant le passage des pieds et des genoux d’une personne en fauteuil roulant (vide inférieur de 30 cm de profondeur, 60 cm de largeur et 70 cm de hauteur) et la robinetterie doit pouvoir être utilisée par une personne assise.
NicollC’est dans ce contexte que l’AFISB (Association française des industriels de la salle de bains) a créé le label « AFISB Bien vivre » qui repère des équipements de salles de bains destinés à apporter plus de confort, de sécurité, d’accessibilité. Réservé aux 40 fabricants adhérents de l’AFISB, ce label concerne douches, parois de douche, robinetterie, cuvettes, abattants, bâti-supports et lavabos.
Plus de renseignements sur www.salledebains.fr


 

 

Une douche plus spacieuse et plate
Élément qui traduit par excellence le mariage réussi du fonctionnel et de l’esthétique : la douche. Qu’elle soit équipée d’un receveur céramique ou acrylique plat, ou d’un receveur à carreler, la douche offre désormais un espace large. De dimensions plus petites dans le passé (70 x 70 cm), elle est passée à 80 x 80, voire 90 x 90 cm. Et les receveurs de 1 m de côté sont désormais courants dans l’offre des fabricants. Les espaces de cette taille peuvent facilement accueillir une assise maçonnée, ou un tabouret escamotable.
Duraplan, de Duravit, se pose après le carrelage, ce qui évite les risques de le voir abîmé au cours des travaux. Avec Futurion Flat, un receveur en Quaryl, matériau exclusif, mélange de quartz et d’acrylique, Villeroy & Boch mise sur l’aspect pratique : facile d’entretien, très brillant, anti-glissant, il affiche une forte résistance aux chocs et aux rayures. Il peut être entièrement encastré, posé directement sur le carrelage ou installé sur le sol avec un socle à carreler.
Afin de garantir l’étanchéité, souvent le point faible des receveurs à carreler, les fabricants proposent des écoulements posés en usine, à l’instar de Wedi avec son receveur extra-plat (65 mm) ou Jackon avec Jackoboard Aqua qui autorise toutes les formes de douche.
Pour la rénovation, des kits permettent le remplacement d’une baignoire, comme Kinemagic créé par Kinedo, ou Facilot de Banya Corporate qui vient prendre la place d’une baignoire de 135 à 185 cm de longueur et 70 à 85 cm de largeur.

 

La salle de bains électronique
Viega MultiplexTRioE4L’électronique est omniprésente au quotidien. Il est devenu naturel de commander son téléphone portable, sa table de cuisson du bout des doigts ou d’un geste. Le digital arrive également dans les salles de bains où par effleurement d’une commande, il est possible de déclencher l’ouverture d’un robinet, le réglage de la température d’eau ou la commande d’un WC. Aujourd’hui, il s’agit encore de dispositifs haut de gamme, comme le programme ATT pour douches de Dornbracht, mais qui peuvent être conduits à se généraliser, à l’instar des autres équipements de la maison.
Geberit Sigmat80Inspiré des écrans de téléphone portable, Multiplex Trio E4 de Viega commande le remplissage ou le vidage de la baignoire par le biais d’un écran tactile noir. L’utilisation de l’électronique permet de mémoriser des pré-réglages individuels. Dans le même esprit tactile, la plaque de déclenchement Sigma80 de Geberit présente une surface en verre, noir ou miroir, et éclairée de leds, devant laquelle il suffit de passer la main pour déclencher la chasse d’eau. Là encore, l’électronique offre des fonctions supplémentaires : un détecteur de présence intégré dans la plaque peut commander l’allumage de l’éclairage de la pièce dès que quelqu’un entre.
Généralisé dans les établissements recevant du public, notamment les restaurants, le robinet électronique devant lequel on passe la main pour déclencher l’ouverture du jet va lui aussi entrer dans l’habitat. Dans une tendance futuriste, Nobili a conçu le robinet Loop, dont le jet d’eau est contrôlé par une commande électronique et la température et le débit sont réglés grâce à une lumière électroluminescente.

 


Le WC lavant mis en avant
Toto WClavant1Il a été une des stars du salon Ideobain et était présent sur plusieurs stands. Pourtant, le marché français du WC lavant reste encore limité, en partie pour des raisons culturelles. Deux facteurs peuvent influencer son évolution : son implantation dans l’hôtellerie et le vieillissement de la population. « Les WC lavants redonnent de l’autonomie aux personnes dépendantes », explique-t-on chez Toto.
Geberit, présent sur le marché en France depuis de nombreuses années, propose la gamme Aquaclean, une ligne complète qui va de l’abattant à adapter sur un WC existant à des WC suspendus complets. Selon les modèles, les fonctions sont plus ou moins complexes, allant jusqu’au choix du type de jet d’eau, de la position du bras de douchette, avec réglage possible de la température de l’eau et de l’air ; à noter également une fonction de mémorisation qui enregistre les paramètres individuels.
Le fabricant japonais Toto, leader mondial en la matière, s’attaque au marché européen. Il a ouvert son premier showroom européen en Grande-Bretagne en 2010 et possède désormais une filiale en France. Il propose une gamme complète d’abattants et de cuvettes équipées, notamment Washlet EK, version plus économique destinée à l’habitat.
Le dernier-né de la gamme d’abattants lavants SensoWash de Duravit, le modèle C (pour « caché »), dessiné par Philippe Starck, rend invisibles les raccordements à l’eau et à l’électricité.


 

Éclairage multiple par leds
Grâce aux leds, petites par la taille, peu gourmandes en électricité et pouvant être de plusieurs couleurs, la lumière des salles de bains ne se limite plus à l’entourage des miroirs mais vient sous le robinet du lavabo (sa couleur change en fonction de la température de l’eau) et s’invite dans la douche.
Acquazone de Fantini permet de mêler différents jets d’eau (pluie, averse, cascade) avec des couleurs. Avec la colonne Ozone, Valentin utilise même la différence de température entre l’eau chaude et l’eau froide pour créer de la lumière. Plusieurs nuances de couleur défilent, la teinte de son choix pouvant être sélectionnée par un simple clic.
Ces leds se retrouvent également dans les robinetteries et les plaques de commande de chasse des WC (comme celles de Grohe). Baignoires et lavabos les ingèrent parfois pour des éclairages indirects. Le lavabo Luminist de Toto, en résine époxy translucide, peut être associé à des leds pour des jeux de couleurs.
Les diodes peuvent aussi être utilisées pour des miroirs, afin de créer une ambiance lumineuse plus ou moins claire, comme le modèle Chromothérapie de Cedam ou le miroir Revento de Azur Lign, qui possède aussi une option de raccordement mp3. Car la musique vient également compléter une installation de salle de bains. Plus simple qu’un système de fils parcourant la maison, il devient possible de relier par bluetooth son lecteur mp3 ou son smartphone à des modules de sonorisation associés à la baignoire, au miroir lumineux ou à la douche. Villeroy & Boch propose la fonction +Sound un ensemble hifi bluetooth, qui prend en compte les exigences spécifiques de la salle de bains. Six hauts parleurs sont intégrés de façon invisible derrière la vitre du miroir par exemple.

 


Des écoulements esthétiques, voire invisibles
Geberit PRTAAvec l’avènement de la douche plate, est arrivé celui de la rigole d’évacuation : il suffit désormais d’un plan légèrement incliné dans un sens pour faciliter l’écoulement de l’eau. Cette rigole peut être installée le long d’une cloison, ou à quelques centimètres de cette cloison, ou à l’opposé au niveau de la porte de la douche, s’il y en a une. La solution retenue doit s’adapter au mieux à la configuration de la pièce, à la pente choisie et au calepinage du carrelage ou autre matériau posé au sol. Les fabricants mettent l’accent sur l’esthétique de ces rigoles, la grille se parant de motifs, comme pour le système Docia de Nicoll. Aco a même conçu une rigole légèrement courbée.
Cachée sous la cloison technique, la rigole peut devenir invisible au sol, seule une trappe au niveau de la cloison trahit sa présence et l’eau semble disparaître dans le mur : comme le proposent Wedi avec Fundo Riolito Discreto ou Geberit avec son système de bâti-support de douche pour évacuation murale.


 

Des lignes dessinées par des designers
Pyram NATUREÀ Ideobain, le noir était en vedette, épuré, stylisé, sobre, chic. Ces tendances haute-couture ont parfois du mal à réellement s’implanter sur le terrain, les acheteurs se tournent souvent vers de la céramique blanche, réservant la couleur aux meubles et surtout au carrelage. Les fabricants jouent quand même sur la diversité et la multiplicité des couleurs ; et surtout travaillent régulièrement avec des designers. L’objectif : avoir une ligne qui se démarque, rechercher des nouvelles idées, être dans l’air du temps et innover. La collaboration de Duravit avec Philippe Starck dure depuis de nombreuses années. Ce qui n’empêche pas le fabricant de collaborer aussi avec d’autres designers. Pour sa marque haut de gamme Axor, Hansgrohe fait appel à différents designers, dont dernièrement les frères Bouroullec. Charles de Castelbajac a signé des meubles pour Delpha, l’Italien Franco Bertoli les pièces en céramique Softmood d’Ideal Standard, Pierre Casanove a travaillé sur une ligne pour Sanijura, Eric Jourdan a créé pour Pyram, la dernière collection J2O de blocs vasques compacts.
Les fabricants de parois de douche n’échappent pas à cette tendance, comme Hüppe dont la paroi Studio Paris a été créée par l’agence Phoenix Design. Résultat, une paroi aux détails très soignés et aux décors inédits, réalisés soit par sablage, soit par un procédé de vaporisation du chrome.

Corinne Montculier

 

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