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 Dossier - Septembre / Octobre 2011

Salles de bains : petites par la taille, grandes par le confort


Brigitte Desplats RedierEdito

"Faire preuve d’imagination !"

Dans le domaine de la salle de bains, les fabricants doivent faire preuve d’imagination ! Si cette pièce devient de plus en plus un lieu de relaxation, un espace de cocooning où l’on prend soin de soi et se détend, elle reste d’une surface très réduite. Et il faut arriver à faire rentrer les éléments de confort dans quelques mètres carrés.

En ville, la taille moyenne des salles de bains est seulement de 4 à 5 m². Elles sont légèrement plus grandes en dehors des villes, 6 à 7 m², mais cela reste petit pour cet endroit où doivent prendre place lavabo, meuble de rangement, douche et/ou baignoire, et parfois toilettes. Et certaines sont encore plus minuscules, là où l’espace est compté, comme dans les logements étudiants, ou les studios.

C’est un état des lieux qui ne devrait pas réellement évoluer. En neuf, plutôt qu’une grande pièce, on préfère souvent faire construire deux petites salles de bains, ou une salle de bains et une salle d’eau. Dans l’existant, on est contraint par l’emplacement des murs. Et quand il faut créer une nouvelle salle de bains, quand les enfants deviennent adolescents, elle est faite là où il reste de la place, en général peu.

Les solutions pour équiper ces salles de bains format mouchoir de poche sont nombreuses. Il faut apporter de la transparence, des couleurs claires, des miroirs valorisants, des éléments suspendus, qui vont créer de l’espace là où il n’y en a pas. Meubles vasques étroits ou asymétriques, baignoires asymétriques, colonnes hautes et étroites, parois de douche rabattables, éléments suspendus, baignoire-douche combinée : les astuces ne manquent pas. La préoccupation des fabricants est réelle, et les allées des salons tels qu’IdeoBain regorgent de présentations.

En allant dans l’extrême, il est possible de faire une jolie salle de bains dans seulement 2 m², avec une douche de 70 x 70 cm, un grand lave-mains, une cuvette de WC courte. Mais l’essentiel est de ne pas oublier le confort, car la salle de bains est un endroit où l’on vit tous les jours, plusieurs fois par jour.

Brigitte Desplats-Redier
Secrétaire général de l’Association française des industries de la salle de bains (AFISB)

 


Salles de bains : petites par la taille, grandes par le confort


Les mètres carrés sont comptés dans les salles de bains. Pas facile de les aménager de manière à les rendre pratiques et confortables. Les fabricants se sont penchés sur la question et proposent des solutions tailles mini et fonction maxi.

 

Kinédo

Bien que les catalogues des fabricants et les magazines de décoration présentent à longueur de pages des salles de bains vastes et suréquipées, la réalité dans les logements est toute autre : les salles de bains des Français sont petites. Selon l’IPEA (Institut de promotion et d’études de l’ameublement), 41,7 % d’entre elles font 6 m² ou moins, avec une grande part entre 5 et 6 m². « La taille des salles de bains des Français n’augmente pas, même quand ils construisent leur maison : au moment des arbitrages, quand il faut décider comment répartir les surfaces dans la maison, ils préfèrent garder de la place pour le salon ou la cuisine, quitte à réduire la chambre ou la salle de bains. De plus, quand ils ont le choix, ils préfèrent avoir deux petites salles de bains plutôt qu’une grande », explique Christophe Gazel, directeur de l’IPEA.
C’est également une pièce où l’on passe peu de temps : moins de 20 mn en semaine, que ce soit le soir ou le matin. Selon l’IPEA, les Français sont en effet 18 % à estimer que ce n’est qu’une pièce de passage, mais pour 48 % d’entre eux, elle doit être fonctionnelle et confortable.


Une fonction essentielle : se laver
Taille des salles de bain en FranceLes salles de bains mini ne laissent pour la plupart, la place qu’à une douche. Ce qui est paradoxal à l’heure où le marché se tourne résolument vers les modèles XXL : les receveurs 90 x 90 cm sont devenus la norme et il n’est pas rare d’équiper une salle d’eau avec un bac de 160 x 90 cm.
Quand la place n’est vraiment pas là, un classique receveur de 70 x 70 cm fera son office, même s’il n’est pas des plus pratiques car laissant un espace trop étroit pour bouger correctement dans la douche. S’il est possible, un dégagement dans une des parois, au niveau des bras, offre plus d’aisance.
Dès qu’on passe à des tailles supérieures de receveur, l’espace pour bouger devient plus confortable. Une forme de receveur en quart de cercle ou en pointe de diamant permet de gagner quelques cm² au sol. L’emplacement du robinet devient important, sa conception aussi. Et un peu d’astuce peut faire gagner de la place, comme par exemple, Ecostat Select, d’Hansgrohe. « On peut disposer shampoing et savon sur la tablette en verre Securit qui recouvre ce robinet thermostatique. La tablette paraît grande mais elle fait la même profondeur qu’un robinet thermostatique classique, sans la perte d’espace qui allait avec », décrit Eric Losi, directeur marketing d’Hansgrohe.
En rénovation, en remplacement d’une ancienne baignoire, il est possible de la remplacer par une douche spacieuse et agréable à utiliser. « Le marché de la baignoire chute, il y a une vraie opportunité de développement sur ce créneau », estime Philippe Mandray, directeur commercial et marketing de Kinedo. Ainsi, Kinemagic permet un remplacement rapide, en 24 h, quasiment sans travaux. Cette cabine comporte un receveur de grande taille et des panneaux de fond en verre dépoli, qui évitent la pose de faïence là où la baignoire a été retirée. Elle existe en deux versions : open, totalement ouverte, ou solo, avec une paroi en verre de sécurité transparent.

 

Laisser de la place
LEDARabattre entièrement la paroi de douche contre le mur en position ouverte et laisser l’espace libre lorsqu’on ne prend pas une douche, c’est l’idée qu’exploite Duravit avec Open Space. « Nous ne sommes pas fabricant de parois de douche, c’est une idée qui nous a été proposée par un de nos designers, souligne Philippe Soiron, directeur des ventes de Duravit France. Installées en angle, deux parois ont la particularité d’être pivotantes à 180° : elles peuvent s’ouvrir vers l’extérieur mais aussi se rabattre vers l’intérieur. L’une d’elles est montée sur un profilé de manière à être à 10 cm du mur quand elle est rabattue : cela laisse de la place pour la robinetterie. On peut équiper ces parois de douche de glace sans tain qui donne un effet miroir et agrandit visuellement la salle de bains. On résout ainsi une problématique que beaucoup de gens rencontrent dans l’équipement de la salle de bains ».
Les baignoires mesurent souvent entre 170 ou 180 cm. Pour les inconditionnels du bain, il existe des baignoires taille mini. Ainsi Mimo, de Laufen, dans un esprit tout en rondeurs, avec seulement 105 cm de long et 70 cm de large ; ou Varia, d’Aquarine, qui n’utilise qu’une quarantaine de litres d’eau.
Certains fabricants proposent des baignoires asymétriques, comme Micromega Duo, de Jacob Delafon. Et même la balnéo est accessible aux modèles réduits, comme le modèle Milonga de Grandform, en 160 cm de long et 90 cm de large, qui est compatible avec les programmes balnéo de Grandform (SilencéO, Color, Sensation, Multisens).
Et pour ceux qui ne peuvent pas choisir entre douche et bain, mais ne peuvent pas installer les deux dans la même pièce, il existe des combinés, comme les modèles 383 et 385 de Teuco. Ce sont des baignoires dotées d’une porte qui s’ouvre sur toute la hauteur et permet d’entrer dans l’espace douche. Ces baignoires peuvent être équipées d’un système d’hydromassage.

 


Une douche de plain-pied
Entièrement carrelée, et surtout avec un bac affleurant au niveau du sol, la douche à l’italienne se prête aussi bien aux interprétations de grande taille qu’aux espaces réduits. Elle offre l’avantage, quand elle est réalisée « dans les règles », de ne prendre aucune place puisqu’elle ne comporte normalement ni paroi ni rideau, mais pour les petites salles de bains, il faudra prévoir une protection contre les projections d’eau. Reste l’avantage de ne pas avoir de bac délimité mais un sol d’un seul tenant.
La réalisation de la douche à l’italienne repose sur l’étanchéité du cuvelage. Elle peut être assurée par une feuille de zinc ou de plomb recouverte d’un béton hydrofuge, puis d’un carrelage. Ou par un kit avec un film étanche, comme Isotanche Classic Pro de Schlüter Systems, Turbo Sol de SAS. Ou encore un receveur prêt à carreler, comme Fundo, de Hewi, Jackoboard, de Jackon. Grâce aux matériaux utilisés, la forme du receveur peut s’adapter à l’imagination de l’installateur... ou aux contraintes posées par la salle de bains (des murs pas tout à fait à angle droit, un conduit dans un angle masqué par une paroi en biais, etc.).
Pour l’évacuation, une bonde ronde impose un receveur à quatre pans, pas forcément facile à carreler avec des carreaux grands formats. Il est possible de choisir l’esthétique de la grille, simple, ou plus élaborée comme la grille Visign RS4 de Viega, selon le style de la salle de bains.
Une rigole de douche permettra un receveur à deux pans, avec une esthétique différente, voire à une seule pente si elle est positionnée à l’entrée de la douche ou contre le mur. Viega propose notamment la série Visign de rigoles, avec des motifs différents (vagues, rond, fentes parallèles, etc.). Le fabricant vient même de créer un modèle recoupable, Advantix Vario, qui s’adapte au millimètre près à la taille de la douche.



Un besoin : le rangement
Decotec« Une des demandes fortes des consommateurs, c’est une grande capacité de rangement », explique Christophe Gazel. La salle de bains est partagée par toute la famille, la fonction de rangement est essentielle : il faut des solutions de rangement pratiques et multifonctions, utiles à tous et qui prennent très peu de place. De fait, la salle de bains sert au rangement des produits cosmétiques dans 99,5 % des cas, du linge de toilette (79,5 %), beaucoup plus rarement pour les vêtements (8,7 %) ou le linge de lit (3,7 %). Elle peut servir aussi à accueillir l’armoire à pharmacie ou les sous-vêtements.
En complète contradiction avec ce besoin, la tendance très épurée des dernières années, avec une simple vasque posée sur une planche soutenue par deux équerres, est donc en perte de vitesse. Très esthétique, elle se révèle peu pratique au quotidien.
Pour Thierry Cuvillier, directeur commercial de Decotec, « il existe une vraie demande sur les meubles compacts. Nous avons aujourd’hui une belle réponse sur les meubles à faible encombrement, comme par exemple la série M2, comme mètre carré, des petits meubles contemporains, au design inspiré des smartphones, qui rentrent dans très peu d’espace ». Ou le meuble Millesime, avec une porte coulissante vers le bas qui offre une belle capacité de rangement.
Même constat pour Corinne Le Rolland, responsable marketing résidentiel d’Ideal Standard : « aujourd’hui, nous développons de plus en plus des consoles et des colonnes car les solutions de rangement sont un axe de développement ».
KinédoHéritiers des meubles de cuisine, les meubles de salle de bains mesuraient 60 cm de profondeur. Les fabricants font évoluer cette taille, passant à 50 cm, pour 45 cm, voire 35 cm aujourd’hui, comme la gamme Italik de Sanijura et la série Contraste d’Aquarine. La gamme Free Style, de Lido, offre le confort des tiroirs coulissants, avec sortie totale pour une utilisation pratique et un amortisseur de fermeture.
De son côté, Delpha lance la gamme Urban Pro, avec une profondeur générale de 46 cm. Pour Loïc Maumené, directeur de Delpha « la profondeur est un faux problème car elle n’a pas d’intérêt : un meuble trop profond n’est pas pratique parce qu’il faut aller chercher les objets au fond ».
Certains font des meubles galbés, plus étroits d’un côté que de l’autre tout en offrant une vasque confortable, comme les meubles Delta d’Ambiance Bain, avec une profondeur de 23 cm d’un côté et 40 cm de l’autre.

 


Chauffer petit mais rapide
AcovaLa solution gain de place idéale est le chauffage par le sol. Mais ce n’est pas toujours possible, notamment en rénovation. Et cela ne correspond forcément non plus aux besoins des utilisateurs. « L’ADEME recommande dans la salle de bains une température légèrement supérieure au reste de la maison », explique Stanislas de Châteauvieux, chef produits sèche-serviettes groupe Atlantic. Or, le plancher chauffant ne permet pas de monter rapidement de quelques degrés la température de la pièce. Possibilité qu’offre le radiateur sèche-serviette, qui est aujourd’hui plébiscité dans les salles de bains.
Dans les maisons neuves, les chauffages à eau chaude basse température deviennent de plus en plus fréquents, mais imposent des radiateurs plus grands. Ce qui est en parfaite contradiction avec le peu de place disponible dans les salles de bains. Les constructeurs travaillent sur des modèles les plus compacts possibles, comme Finimétal, avec Chorus bain double : avec deux rangées de tubes plats de part et d’autre du collecteur, il est aussi large et haut que des modèles traditionnels, tout en ayant une puissance supérieure.
Pour les systèmes de chauffage qui ne sont pas basse température, Finimétal a conçu un sèche-serviette petite taille pour mettre sous une fenêtre ou une pente de toit. Chorus Bain Allège fait seulement 53 ou 68 cm de haut. « Nous avons travaillé sur la flexibilité par rapport à l’adaptation aux salles de bains et sur l’accroche des serviettes », explique Aurélie Cahagne, responsable marketing de Finimétal.
En électrique, les fabricants proposent des modèles étroits, d’une quarantaine de cm de large, ce qui n’empêche pas le design, comme Acova, avec son modèle Clipper. Seulement 41 cm de large, et un monomât qui peut être à droite ou à gauche et permet de glisser les serviettes sur le côté, pour une puissance de 600 W.
Dernière solution, les radiateurs sèche-serviettes soufflants. Les modèles les plus basiques n’ont qu’une fonction soufflerie. Un peu plus évolués, ils peuvent apporter un chauffage d’ambiance, comme Belle-Île de Thermor.


 

Petits mais astucieux
Pour gagner de la place, quand la taille des éléments ne peut plus être réduite, il faut combiner les fonctions. Ainsi le lave-mains Combo, de Décotec, « pour lequel nous avons intégré les fonctions comme le distributeur de savon et les accessoires de WC, avec un design qui dissimule au regard certaines parties », explique Thierry Cuvillier.
Dans la collection qui porte leur nom et dessinée pour Axor, la marque haut de gamme de Hansgrohe, les frères Bourroullec ont imaginé une tablette qui sert à la fois d’étagère et de robinet. Ou comment faire esthétique, original et pratique à la fois.

Corinne Montculier

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